Définir et atteindre ses objectifs tout en faisant moins d’effort: le rôle de l’énergie
Pourquoi sommes-nous si obsédés par les objectifs que nous nous fixons? À certaines périodes de l'année, nous nous concentrons davantage sur la définition des objectifs, puis plus tard sur les objectifs que nous avons atteints… ou pas. Et ainsi de suite. Pourquoi se fixer des objectifs est-il important? Quelle est la meilleure façon de définir ses objectifs ? Et quel rôle joue notre niveau d’énergie au quotidien?
Se fixer des objectifs. Et les atteindre. (Image: Unsplash)
J’en ai fait moi-même l’expérience: il est toujours plus facile de se fixer des objectifs que de les atteindre. Je dépense énormément d'énergie pour définir les bons objectifs, les organiser dans le temps, et pourtant, le taux de réalisation reste assez stable. À tel point que je passe aussi par des phases pendant lesquelles je ne me fixe aucun objectif, juste pour voir. Et dans ces moments-là, je me sens généralement complètement perdue. Comme si j’étais entre deux projets ou pendant une période de vacances, comme si je flottais, ne sachant pas quoi faire. À chaque fois, je reprends alors conscience de combien j'utilise la définition des objectifs comme un point d'ancrage, un moyen pour focaliser mon énergie. Et cela n’a rien d’étonnant, puisque c’est ainsi que notre cerveau fonctionne. Car il faut noter que c’est bien le processus de définition des objectifs qui focalise l'esprit, et non pas leur réalisation. Atteindre les objectifs stimule cependant la motivation. Si nous suivons le bon processus, séparer la définition des objectifs de leur réalisation libère une énorme quantité d'énergie qui nous permet de nous faire avancer… vers justement la réalisation de nos objectifs.
Pour en savoir plus sur pourquoi il est important d’avoir des objectifs, et quels objectifs, ainsi que sur comment devenir plus efficace en se fixant les objectifs, consultez aussi ces conseils pour atteindre vos objectifs.
Pourquoi se fixer des objectifs? Parce que c'est un super-pouvoir
Chaque seconde de chaque jour, le cerveau passe en revue des millions d'informations, en les réduisant à une quantité que nous pouvons réellement traiter, qui a été calculée à 126 bits d'informations par seconde. Autrement dit, notre système se concentre sur quelques éléments seulement et fait abstraction du reste: littéralement tout le reste devient invisible.
Alors, comment le cerveau décide-t-il sur quoi se concentrer? Tout d'abord, il se focalise sur la survie, car c'est notre tout premier instinct primitif. Cela signifie que nous voyons d'abord les menaces: si vous ne vous sentez pas en sécurité, vous ne verrez rien d’autre. Une fois la survie établie, nous passons aux objectifs, car le cerveau considère également nos objectifs et les choses qui peuvent nous aider à les atteindre comme essentiels à notre survie. En effet, définir des objectifs est l'un de nos super-pouvoirs. Et notre énergie au quotidien y joue un role prépondérant.
Dans le livre The Art of the Impossible, Steven Kotler décrit le processus avec élégance: «Le cerveau… essaie toujours de prédire ce qui va se passer plus tard et prévoir la quantité d’énergie requise par cette situation. […] Nous recueillons des informations, trouvons des liens entre elles et nos expériences antérieures, puis nous filtrons ces résultats à travers nos objectifs pour décider des actions à mener. De cette façons, les objectifs nous aident à nous focaliser. Ils nous aident à filtrer toutes les informations qui nous parviennent tout au long de la journée. Lorsque vous définissez des objectifs clairs, vous clarifiez quelles informations sont pertinentes pour vous.»
Comment se fixer des objectifs: Séparer les objectifs des souhaits
La différence entre un objectif et un souhait est simple : vous agissez sur le premier et vous rêvez ou espérez pour le second. Pourquoi cette distinction est-elle importante? Le cerveau aime être cohérent. Si je souhaite manger moins de chocolat, mon cerveau est parfaitement heureux. Je le fais déjà, j'ai déjà accompli l’action de souhaiter ce résultat. Je n'ai pas vraiment besoin de manger moins de chocolat. Cependant, si je me fixe un objectif précis, comme de réduire de 80% ma consommation de chocolat 😰(n’insistez pas, je ne vous dirai pas le nombre de grammes par jour que cela représente) et que je l'écris, de préférence en conjuguant le verbe au présent, mon cerveau essaiera d’être cohérent et fera le travail nécessaire pour réduire ma consommation de chocolat. C'est un super-pouvoir, je vous dis.
Trois niveaux d'objectifs différents
Sur la base des travaux de Steven Kotler, il y a trois niveaux d'objectifs à se fixer.
Les objectifs de «mission», ceux qui ont le champs le plus large. Certaines organisations les appellent «Big Hairy Audacious Goals» (des objectifs gigantesques, fou, audacieux) tandis que d’autres parlent de «massively transformative purpose» (objectifs au sens profond, qui transforme). On peut parler de sens, de mission, de vocation. Vous pouvez en avoir un ou plusieurs. Ils sont audacieux. Ils définissent une direction à prendre. Ils sont remplis de passion. Ils n'ont pas besoin d'être SMART (spécifiques, mesurables, atteignables, réalistes/pertinentes, inscrits dans le temps). Moi, je préfère les baser sur du rêve, énormes et à peine atteignables, pour qu’ils me poussent à m’améliorer. Ces objectifs se situent au croisement de la curiosité, de ses valeurs, de ses passions. Ils peuvent prendre beaucoup de temps à définir et peuvent changer et évoluer. Travailler avec un coach peut vous aider à les définir. Ce ne sont pas des affirmations, mais plutôt un filtre vous aidant à vous focaliser sur ce qui compte pour vous.
Les «objectifs défis» (Kotler les appelle «high hard goals»), qui sont les objectifs à la fois qui vous poussent au-delà de votre zone de confort, tout en étant réalisables et qui vous permettre de mener à bien votre mission, par étapes. Celles-ci doivent être suffisamment difficiles pour vous stimuler à aller plus loin, mais pas trop non plus au risque de vous décourager et de vous faire subir un stress trop intense. Mais en même temps, pas trop simples, ce qui vous ferait à l’inverse prendre le risque de vous ennuyer. Des objectifs défis focalisent votre attention. Ils sont le filtre de deuxième niveau. Ils fonctionnent grâce à l'attention et à la persévérance que nous leur accordons, et grâce à notre volonté de réessayer lorsque nous échouons.
Des «objectifs clairs», pour utiliser le terme de Kotler («clear goals»), sont les petites étapes qui vous mèneront là où vous voulez aller. C'est là que vous pouvez appliquez ce que j'appelle le principe du saucisson. Vous découpez les objectifs défis en fines tranches, pour les aborder l’un après l’autre. Les tranches doivent vous apporter un peu de plaisir — n'importe quelle façon d'introduire la notion de plaisir vous aidera. Profitez de chaque bouchée. Chaque réalisation, aussi petite soit-elle, mérite toute votre attention, car c'est ainsi que vous faites circuler la dopamine pour rester motivé. Célébrer la réussite de chacun d’eux vous aidera à vous lever le lendemain pour recommencer. Voilà comment atteindre ses objectifs.
La bonne façon de définir des objectifs qu’on peut atteindre
Des objectifs clairs sont un des principaux piliers de son système personnel de gestion de l'énergie: lorsque les objectifs sont effectivement clairs, l'esprit n'a pas à se demander quoi faire. Il le sait. Et cela économise de l'énergie. Pour rendre la tâche plus facile:
Des objectifs clairs doivent également être fixés de façon à vous pousser à atteindre ce point d'équilibre entre trop difficile et trop facile.
Les objectifs SMART marchent bien. Définissez clairement à quoi ressemble le succès, votre succès. Vous voulez savoir sans aucun doute quand vous réussissez et quand vous ne réussissez pas. Vous voulez également une définition claire du «terminé».
Concentrez-vous sur la partie claire, pas sur le résultat. Pour ce faire, définissez comment vous souhaitez être en accomplissant ces actions et l'impact que vous souhaitez avoir.
Inscrivez les objectifs clairs sur votre liste d'actions quotidiennes.
L’action et les objectifs
Une fois que des objectifs clairs sont définis, ils figurent sur une liste d'actions quotidiennes. Cette étape essentielle nous demande d'être réaliste sur ce que vous pouvez accomplir et quand (et c’est difficile: voir cet article et notamment la partie «Prévoir un défaut de planification”. N’oubliez pas que plus le jour avance, plus notre motivation diminue. Voici quelques conseils pour prévenir la baisse:
Votre liste d'actions avec des objectifs clairs doit couvrir tous les domaines de votre vie, pas seulement le travail. Vous voulez tenir compte de tout ce qui consomme de l'énergie.
Limitez votre liste d'actions à votre capacité maximale pour la journée – trop de choses à faire engendrent du stress. Déterminez ce qui fonctionne le mieux pour vous. Pour le savoir, passez quelques semaines à suivre le nombre de choses que vous pouvez réellement faire par jour tout en donnant le meilleur de vous (et non, ce n’est pas le même nombre que «tout ce que vous devez faire» 😉)
Prévoyez de travailler sur vos objectifs lorsque vous serez au meilleur de votre forme et aussi longtemps que vous serez à votre meilleur. Après seulement, adaptez-vous aux contraintes extérieures. Nous avons tous tendance à faire le contraire.
Trouvez le nombre d'actions et respectez-le. Cela permettra à votre cerveau de clôturer la journée, ce qui vous fera économiser de l'énergie dans l'ensemble.
Commencez la journée avec l'action la plus énergivore, car votre énergie va naturellement diminuer au cours de la journée. Soyez toujours attentif à vos propres rythmes biologiques. Il y a une vague naturelle tout au long de la journée avec des pics et des vallées.
Fermez la boutique en fin de journée. Écrivez vos objectifs clairs pour le lendemain, videz le cerveau. Imprégnez-vous de la gloire d’avoir accompli ce que vous avez accompli et fermez toutes les boucles. Cela réduira votre charge cognitive le soir, vous permettant de vous reposer et récupérer. Votre sommeil n'en sera que meilleur. Votre vie de famille aussi.
Quelques secrets pour fixer des objectifs
Un trop grand nombre d'objectifs ou de projets ambitieux et difficiles peut conduire à l'accablement. Notre attention est limitée. Je ne dis pas de les abandonner, je dis qu'un certain réalisme nous sauve du désespoir et de l'inefficacité. Que pouvez-vous réellement faire ? Soyez le gardien de la porte et débarrassez-vous des objectifs qui n'ont pas d'importance. Protégez vos objectifs en leur donnant de la place dans votre calendrier. Si vous n'avez pas touché à un objectif au cours des 90 derniers jours, éliminez-le ou déplacez-le bien plus loin. Votre cerveau déteste les boucles inachevées, alors fermez-les. Notre santé mentale a besoin d'achèvement. Nous dépensons beaucoup d'énergie à nous sentir coupables de ce qui n'a pas été fait. Remettez à plus tard ce qui n'est pas faisable tout de suite, réellement, et votre cerveau vous remerciera.
Selon les psychologues Gary Lantham et Edwin Locke, lorsque nous croyons en ce que nous faisons et que le résultat souhaité est aligné sur nos valeurs, nous sommes plus engagés.
Restez souple, changez vos étapes d'action au fur et à mesure que vous apprenez ce qui fonctionne et ne fonctionne pas et mettez à jour vos objectifs défis aussi.
Parfois, la réalisation des objectifs est une corvée. Dans ces moments-là, revenez à vos objectifs défis et objectifs de mission et assurez-vous que vous êtes vraiment clair sur les résultats que vous voulez, comment vous voulez vous sentir, ce qui est en jeu, et comment vous allez célébrer. Vous pouvez également demander quelles compétences vous devrez peut-être développer et ce qui vous gêne. Trouver quelqu’un qui vous tient responsable ou un coach.
Comme Kotler le dit succinctement, «L’ordre est toujours ramper, marcher, courir». Gardez cela à l'esprit plutôt que de gaspiller de l'énergie à ressentir de la honte, de la culpabilité, comme si vous n'étiez pas «suffisant».
Alors que les gens peuvent être une bonne caisse de résonance pour clarifier vos idées, annoncer vos objectifs au monde ne l'est pas. Gardez vos objectifs pour vous. Selon le psychologue Peter Gollwitzer, parler de vos objectifs réduit considérablement les chances de les atteindre. C'est de la neurochimie: lorsque vous en parlez à quelqu'un, vous vous donnez une dose de dopamine, ce que vous êtes censé obtenir uniquement après les avoir accomplis. Si vous démarrez avec une sensation de satisfaction, le travail à faire devient plus difficile.
“Puisque le cerveau est un moteur de prédiction et que la conscience est une ressource limitée, la peur et les objectifs sont les éléments de base de la réalité.”
Atteindre ses objectifs en quelques mots
Assurez-vous de vous sentir en sécurité.
Séparez vos souhaits de vos objectifs.
Croyez en ce que vous faites.
Fixez-vous des objectifs alignés sur vos valeurs.
Définissez vos objectifs de mission.
Fixez-vous des objectifs défis.
Regroupez-les en objectifs clairs d'actions qui vous donneront des petites victoires tous les jours.
Ne vous fixez pas sur le résultat. Assurez-vous juste d’être présent et actif tous les jours pour faire le boulot.
Célébrez vos réalisations quotidiennes.