Trois traits humains qui mènent au burn-out et comment briser le cycle
Le burn-out, le bore-out (l'ennui professionnel), la fatigue chronique, l'absentéisme et le stress sont maintenant des mots bien familiers, des incidents courants, aux conséquences graves. Nous y sommes tous confrontés et susceptibles. Et si on pouvait briser le cycle ?
Nous, les humains, sommes une drôle d’espèce, enclins à cette croyance naïve et persistante que nous sommes invincibles. Ce que nous ajoutons à une dévalorisation systématique de la notion de repos. Et à une quasi incapacité à estimer le temps qu'il faut vraiment pour effectuer quoi que ce soit.
Ces trois traits parfaitement humains nous rendent tous susceptibles d’épuisement, à la fois au travail et dans la vie en général. Que pouvons-nous y faire?
Reconnaître la vulnérabilité
Le vrai problème n'est pas tant d'être invincible que de croire que nous avons de la chance. Quatre-vingt pour cent de la population a un biais cognitif appelé le “biais d'optimisme”, ce qui signifie que nous supposons que rien de mal ne peut jamais nous arriver. Que cela n’arrive qu’aux autres. Ce fond d’optimisme nous aide à vivre longtemps et en bonne santé. Quand cela ne conduit pas à une sorte de comportement à risque.
Selon la neuroscientifique cognitive Tali Sharot, "Nous sommes plus optimistes que réalistes." Ses études montrent que nos cerveaux ne parviennent pas à « intégrer les mauvaises nouvelles concernant l'avenir ».
Je ne pense pas que nous ayons besoin d'études pour prouver que nous traversons tous de mauvaises périodes, que nous subissons des coups durs. Comme le burn-out. C’est comme une panne d'essence. Selon une enquête FlexJobs et Mental Health America menée auprès de plus de 1500 personnes, soixante-quinze pour cent des personnes se sont déjà senties épuisées au travail, et quarante pour cent l'ont ressenti tout particulièrement pendant la pandémie.
C'est presque autant que ceux qui pensent que cela ne leur arrivera jamais. Il est peut-être temps de choisir le réalisme. Et de reconnaître consciemment que nous sommes vulnérables. C'est un équilibre à trouver, être réaliste sans céder au pessimisme.
Prendre le repos au sérieux
Combien d'entre vous ont déjà pensé que dormir était une perte de temps ? En allant jusqu’à faire un lien entre repos et improductivité ? J’en fais partie. Il y a tellement de choses que j’ai envie de faire. Si je pouvais simplement récupérer huit heures tous les soirs, imaginez ce que je pourrais faire ? Imaginez les moments tout à coup disponibles pour me retrouver aussi entre amis - maintenant que nous pouvons à nouveau (!) - à manger et danser jusque tard dans la nuit. Et à survivre grâce à de la caféine en intraveineuse.
Sans même parler des autres raisons pour lesquelles les gens ne se reposent pas suffisamment, comme le stress, les troubles du sommeil, que beaucoup ne prennent tout simplement pas le temps de se détendre, concentrons-nous simplement sur le fait que nous sommes si nombreux à tout simplement négliger notre sommeil. Nous nous en privons, n'en ayant pas la quantité suffisante dans un délai de 24 heures. Ou nous le désynchronisons, forçant notre corps à être éveillé (ou endormi) à des moments qui ne sont pas synchronisés avec notre propre rythme circadien.
Lorsque nous dormons suffisamment, les temps de vigilance et de réaction varient d'environ dix pour cent au fur et à mesure que le corps traverse des pics et des creux naturels tout au long de la journée. La privation de sommeil et sa désynchronisation augmentent ces variations.
Rien à faire : nous ne pouvons pas entraîner notre corps à tolérer la privation de sommeil ou sa désynchronisation comme nous pouvons entraîner nos muscles ou notre système cardiovasculaire.
Nous devons nous reposer. Sinon on se fatigue physiquement. On se fatigue socialement. Et au bout d'un moment, on ne se rend même plus compte qu'on est fatigué. C'est ce qu'on appelle la "fatigue cognitive" qui se traduit par une vigilance réduite, un temps de réaction ralenti et une prise de décision altérée.
La fatigue cognitive affecte tout le monde. Psychology Today l'explique comme « une accumulation de trop : Trop de décisions. Trop de travail (en trop peu de temps). Trop d'interruptions, de demandes et de changements d'attention. Trop de choses se passent sans le temps de faire une pause et de s’en remettre. » Ce qui se produit? Les tâches mentales de base deviennent difficiles, concentration, oubli, énervement, débordé, maux de tête, tension, accélération du rythme cardiaque, déconnexion. Au bord du burn-out.
Pour éviter de s'épuiser, nous avons besoin de repos. Régulièrement. À prendre au sérieux.
Prévoir un défaut de planification
Je sais que je ne suis pas seule. On essaie tous de mieux s’organiser, de décortiquer un projet et de le mettre dans le temps avec un diagramme de Gantt, de jolies couleurs, des échéances et des listes de tâches. Tout ça pour que tout soit foutu en l’air dès la première semaine.
En 1977, les psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky ont inventé le terme «vraie/fausse planification» pour décrire comment nous avons tendance à sous-estimer le temps qu'il faut pour accomplir une tâche. Nous ne pensons pas à prendre en considération notre expérience passée, et nous supposons, grâce à notre biais d'optimisme, qu'il n'y aura pas de retards ni d’imprévus. Et puis nous ajoutons de bon vieux vœux pieux.
Ce qui sonne le glas de beaucoup de projets. Selon le rapport 2018 "Pulse of the Profession" du Project Management Institute, les estimations de temps inexactes sont la principale cause de 25 % des échecs de projet.
Pour bien planifier, nous avons besoin d'une sorte de trame de référence, aux résultats connus et reproductibles, permettant d’évaluer les résultats à chaque étape du projet concerné en les comparant à une moyenne des résultats de cette trame de référence. On y ajoute ensuite une estimation intuitive et on évalue dans quelle mesure le type d'informations disponibles dans ce cas permet une prédiction précise des résultats, et finalement on s'ajuster vers la moyenne de la trame de référence.
Ouais, ce paragraphe m'a perdu moi aussi. À la place, je propose le guide de planification de ce biohacker :
Prévoyez de ne pas être en mesure de planifier avec précision. Ajoutez du temps. Systématiquement. Ensuite, ajoutez-en encore plus.
Demandez à quelqu'un d'autre d'estimer le temps pour vous. Un certain nombre d'études ont montré que nous sommes bien meilleurs pour estimer combien de temps il faut à quelqu'un d'autre pour faire quelque chose.
Soyez attentif à votre chronobiologie quotidienne : il y a des moments où vos capacités cognitives sont élevées et votre humeur porteuse, et d’autres où vous n’arriverez presque à rien, en étant en plus énervé·e. Planifiez pendant les moments de faible énergie, lorsque vous êtes moins optimiste et potentiellement plus réaliste. Ces moments sont simples à trouver, ce sont ceux pendant lequels vous vous sentez englué·e, fatigué·e.
Si dans l'âme vous aimez les données de mesures, mesurez vos estimations et enregistrez les conditions dans lesquelles vous les avez faites pour savoir quand vous êtes le plus précis.
Briser le cycle de burn-out en quelques mots
En fin de compte, il s'agit de prendre conscience et d'accepter qui nous sommes intrinsèquement, avec compassion et peut-être un peu de légèreté, sans tout prendre trop au sérieux. Donc, avant que le cycle d'épuisement professionnel ne vous entraîne :
Reconnaissez que vous êtes vulnérable, quand le biais d’optimisme ne vous sert pas.
Prenez le repos très au sérieux. Dormez. Prenez le temps de vous détendre.
Prévoyez un manque intrinsèque de capacité de planning. Donnez-vous plus de temps.