Comment être vraiment performant·e?
Existe-t-il une bonne façon d'être productif·ve? La haute performance consiste-t-elle vraiment à cocher la plus longue liste possible de choses à faire? Ou s'agit-il plutôt d'appliquer une approche délibérée, choisie, à la façon dont vous faites les choses? Une chose est sûre, le secret ne réside pas dans des doses élevées de caféine. Ni dans son niveau de bonne fortune. Ni dans le nombre de vœux pieux. Alors, qu'est-ce qui peut réellement nous rendre productif·ve?
Avant, je pensais qu'avoir une centaine de projets sur ma liste était un bon moyen d’en accomplir une dizaine. C'est-à-dire, jusqu'au jour où je me suis rendu compte que j’avais en réalité mis en place un système m’assurant un taux d'échec permanent de 90%. Alors que si je supprimais tout sauf les priorités clés, si je réduisais la liste à quelque chose de faisable, je pourrais atteindre 100% de succès tout le temps. Avec des célébrations, des fêtes, des shoots de dopamine. Et la motivation pour en faire plus. Ce faisant, ne serais-je pas tombé sur une clé de la productivité?
À propos des listes de tâches
Appelez-les comme vous voulez—to do lists, listes de choses à faire ou bien listes de tâches, elles sont souvent liées à la productivité. Parfois, elles fonctionnent. Surtout si elles sont grandes (en taille, pas en longueur), colorées, et très visibles, vous rappelant constamment ce que vous devez faire tout au long de la journée. Mais si vous êtes comme moi, plus elles sont longues, plus elles peuvent inhiber. À dire vrai, même si elles peuvent servir de levier, en vous rappelant sans cesse que vous êtes en retard finalement, mais aussi pour éviter les distractions, et jouer un rôle dans le suivi des progrès, je ne suis pas convaincue que les listes de tâches aident à être productif·ve.
Une autre option consiste à faire une liste de choses à ne pas faire.
Ou une liste de choses en devenir (to-be list).
Ou alors, le mieux est peut-être d’adopter une approche complètement différente. Plutôt que de structurer les jours autour d'une liste, l'idée est de bloquer du temps pour faire une activité, et ne pas se focaliser sur le résultat. Le but est de se concentrer, sans distraction, pendant un certain temps sur l'accomplissement d'une tâche, pas sur l'achèvement d'une tâche. Cela fait toute la différence. Vraiment.
Ce dont vous avez besoin pour être productif·ve
La productivité est la «qualité ou l'état d'être productif», ce qui signifie «avoir la qualité ou le pouvoir de produire; être efficace dans la réalisation; donnant des résultats." Pour produire et être efficace dans la réalisation, vous avez besoin d'énergie et de concentration. Vous avez également besoin d'objectifs, et pas n’importe quels objectifs. Ils doivent être clairement formulés et stimulants. Selon Steven Kotler, spécialiste de l'atteinte des états de flow, les objectifs qui sont élevés et difficiles améliorent la productivité. Notez que ce n'est pas le nombre d'objectifs qui compte pour arriver à cet état, mais leur difficulté. La règle de base est que cela soit juste assez difficile pour vous stimuler, mais pas au delà, où les niveaux de stress sont trop élevés pour faire quoi que ce soit. En-dessous, on s’ennuie. Ensuite, l'astuce consiste à fragmenter ces objectifs pour éviter la procrastination.
Don’t worry, be happy
Le découpage a d'autres avantages. Vous saucissonnez vos objectifs, vous vous concentrez, vous accomplissez plus de choses, vous ressentez plus d'accomplissement, moins de dépassement. Vous êtes plus heureux.
Les recherches du High Performance Institute montrent que les personnes qui se sentent plus productives sont statistiquement plus susceptibles de se sentir plus heureuses, plus performantes et plus confiantes.
Cela fonctionne aussi dans l'autre sens. Une méta-analyse de plus de 275 000 personnes dans plus de 200 études a révélé que les gens heureux sont plus productifs — ils reçoivent également des évaluations plus élevées pour la qualité du travail, la fiabilité et la créativité.
C’est un cercle vertueux.
De l’énergie à revendre
Plus heureux signifie des émotions plus positives, ce qui aide à maintenir des niveaux d'énergie élevés. Les niveaux d'énergie sont liés à la productivité de façon significative. Vous donnez moins de vous-même lorsque vous êtes stressé ou fatigué. Si vous êtes en manque de sommeil (faible en énergie, donc), vous faites moins. Une étude montre (voir article du Huffington Post) que passer 19 heures sans sommeil a le même effet sur sa performance qu’un verre de vin — la performance étant équivalente ou pire à celle d'un taux d'alcoolémie (BAC) de 0,05 pour cent.
Rien à faire, pour rester productif, nous devons couvrir les bases: un bon sommeil, une bonne nutrition et de l'exercice.
La concentration à fond
Soyons clairs: désactivez ces fichues notifications. La distraction réduit la productivité de 20%.
Une seule interruption peut retarder une tâche planifiée de deux à trois heures. Définissez des moments précis où vous pouvez être interrompu·e.
Et utilisez les distractions à votre avantage. Le cerveau a soif de nouveauté, alors donnez-lui en un peu, mais de manière contrôlable. Je fais des pauses pour apprendre quelque chose de nouveau. Et je suis toujours en train de tester un nouveau planificateur ou une nouvelle application de planification, par exemple.
N'oubliez pas que la concentration nécessite des efforts. Dès qu’une tâche demande de l’effort, le cerveau cherche une distraction. Vous contrecarrez cette tendance en créant une habitude de lier un endroit à une tâche particulière.
Des pauses
Et pourtant, vous ne pouvez pas rester concentrée en permanence. Nous ne sommes pas des ordinateurs, destinés à fonctionner à grande vitesse, en continu, pendant de longues périodes, avec plusieurs programmes en cours simultanément. Les créatures humaines sont rythmées. Nous fonctionnons mieux lorsque nous alternons entre la dépense d’énergie et son renouvellement.
Votre cerveau a également besoin de temps d'arrêt. Et plus que vous ne le pensez probablement. Il faut du temps pour traiter les informations, récupérer et gérer la vitalité afin d'être plus productif.
Les week-ends et les vacances sont à respecter. Il en va de même pour les pauses tous les 50 à 90 minutes pendant la journée pour permettre à l'esprit de restaurer les éléments neurochimiques et d'augmenter l'attention future — ajoutez quelques minutes d'activité physique et de respiration profonde.
La réalité est que si une personne travaille continuellement tout au long de la journée, elle produira moins qu'une personne de talent égal qui travaille très intensément pendant de courtes périodes, puis récupère avant de travailler à nouveau intensément.
Travailler moins pour faire plus
Le simple fait de se mettre debout par intermittence à votre bureau pour travailler peut augmenter la productivité de 45% par rapport à une position assise toute la journée.
Définissez les heures de début et de fin pour vos tâches. Et respectez-les.
Créez des espaces à usage unique (par exemple, garder votre bureau pour des activités à forte concentration et trier votre courrier électronique ailleurs) ou disposez de différents appareils pour différentes tâches. L'idée est de créer des habitudes qui réduisent la distraction.
Planifiez des moments réservés à la distraction afin d'obtenir votre dose de dopamine.
Désigner des heures et des lieux sans appareil, pour faire pause.
De loin, la meilleure façon d'être productif·ve consiste à utiliser des états de conscience modifiés, comme entrer dans l’état de flow ou utiliser la méditation.
Les médias sociaux en valent-ils la peine?
Faites le calcul. Si vous passez en moyenne 37 minutes par jour sur les réseaux sociaux, cela fait 25 journées de travail de huit heures par an perdues à faire défiler son écran. Ajoutez à cela le temps gaspillé à changer de tâche, et ça fait beaucoup plus de temps dilapidé. Et qui s'arrête à 37 minutes?