Comment utiliser les distractions pour avoir plus de temps

Nous sommes nombreux à être des remplisseur·se·s. Dès qu'il y a un espace vide, on le remplit. Et on le fait tout en étant pourtant pris dans un tourbillon d'obligations et d'exigences extérieures, en combattant les griffes de la FOMO (la peur de passer à côté). Existe-t-il un moyen de se sentir à l'aise avec le vide? De perfectionner l'art de ne rien faire? Ou au moins de tourner à notre avantage notre attrait pour la distraction ?

L'été à son apogée, je contemple le vide en le comparant à mon emploi du temps, avec l’intention d’écrire un éloge du Rien, pour me rendre compte qu'il n'y a pas d'amour perdu entre moi et le temps creux. Je suis clairement un remplisseuse. Je m'agite toujours pour terminer une dernière chose, à me lancer dans une tâche pour quelqu'un, à ranger… En dernier recours, je médite. Tout pour éviter un espace de temps vide.

Toujours prête à essayer quelque chose de nouveau, l'autre jour, j'expérimentais le temps vide. J'ai regardé des papillons, je me suis tortillée sur place, et mon œil a capté une lueur de soleil se reflétant sur mon téléphone.

Aïe! Vous connaissez la suite: Instagram. Faire défiler. Faire défiler. Faire défiler. Et avant que je m'en rende compte, mon temps vide avait été victime de «juste une pichenette de plus», ne voulant pas manquer une citation ou une image.

Cela aurait pu être pire, j'aurais pu tomber dans un épisode de «doomscrolling», entièrement axé sur les informations négatives.

FOMO…

Saint Augustin avait dû entrevoir l’avenir des médias sociaux en disant: «L’abstinence totale est plus facile que la parfaite modération.» Je suis toujours surprise de voir à quel point le défilement sans fin renverse toutes les bonnes intentions de regarder “juste un peu”, comment le support exacerbe l’angoisse que je pourrais rater quelque chose. Ce serait certainement tellement plus facile de ne plus jamais regarder Instagram.

Jusqu'à ce que, bien sûr, je vois quelqu'un d'autre le regard fixe sur un appareil.

Il s'agit d'un cas sans équivoque de FOMO- la peur de passer à côté, ou bien Fear Of Missing Out, ce qui signifie «l'inquiétude qu'un événement passionnant ou intéressant puisse actuellement se produire ailleurs, souvent suscitée par des publications vues sur les médias sociaux.» Un état qui échappe facilement à notre contrôle.

J'apprécie d’avoir le choix d’où je porte mon attention, et je me demande comment je pourrais «céder» à ces outils tout en conservant ma capacité à passer à autre chose quand je veux. Mais est-ce seulement possible?

L’attraction de la distraction

Et si ce tiraillement que nous ressentons découle de la partie en nous qui nous place au sommet de la chaîne alimentaire? Après tout, se laisser distraire (par un bruissement dans les hautes herbes) nous gardait en vie, tout comme le lien social qui vient de ne pas rater le coche. Comment pouvons-nous nous nous l’approprier d'une manière utile?

Commençons par faire un audit des distractions.

Étape 1: Observez-vous pendant quelques jours.

  • Quand vous tournez-vous vers une distraction? Y a-t-il des heures spécifiques?

  • Qu'est-ce qui déclenche le changement? La fatigue? L’évitement? La sensation d’être submergé·e?

  • Quel sentiment procure la distraction?

Étape 2: Dressez la liste de vos distractions. Divisez-les en 2 catégories: Maîtrisée ou Non-maîtrisée, selon les limites que vous parvenez à mettre en place.

  • Les Non-maîtrisées: Choisissez de les éliminer ou trouver une façon pour les maîtriser. Il existe des réglages sur votre smartphone par exemple qui limitent le temps d'utilisation de certaines applications (je pense à toi Instagram).

  • Les Maîtrisées: Divisez-les en Énergisantes et Épuisantes.

  • Les Épuisantes sont à éliminer.

  • Les Énergisantes sont à programmer. Il y a une joie frivole dans les médias sociaux. Faites-en une récompense pour avoir accompli autre chose de moins drôle.

La clé est la gestion de l'énergie. Il s’agit de dépenser moins d'énergie pour combattre la distraction, redirigeant cette vitalité vers ce dont vous avez besoin ou que vous voulez faire. Y compris le temps vide.


Libérer de l'espace mental

Profitez du temps vide demande de la pratique. Devenez intentionnel à ce sujet. Pour ce faire, utilisez un outil puissant: l’agenda.

  • Planifiez votre temps vide. S’il n’est pas sur le planning, vous ne le trouverez pas.

  • Programmez aussi du temps pour vos distractions, afin qu’elles soient moins susceptibles de vous titiller pendant le temps vide.

  • Si un esprit inquiet remplit votre temps vide, prévoyez un autre moment pour vous inquiéter, afin que cela n'interfère pas.