La quantification de soi: des attentes à la réalité

Je ne suis pas une addict aux données chiffrées, mais j'aime tout de même l'idée du suivi de quelques indicateurs. Et surtout, j’adore «jouer» avec les appareils et les applications qui permettent de le faire. En tant que biohackeur, j’en ai testé plus que la moyenne. Voici quelques conclusions que j’ai pu en tirer sur ce que je suis, mes attentes et la réalité de l'expérience.

Ce que j’ai appris en mésurant mon sommeil

Pour Noël 2018, j'ai reçu une bague Oura — une bague connectée munie de minuscules capteurs pour suivre toutes sortes de données sur mon sommeil et qui, de plus, se prononce chaque matin sur mon niveau de disponibilité pour affronter la journée. Un vrai Ouracle (oui bon).

La bague est élégante. J’en avais envie. J'ai dû attendre jusqu'en février pour qu’elle arrive. Je rêvais qu’elle allait améliorer mon sommeil de manière incalculable (oui bon… bis repetita).

Sans conteste, cette bague facilite le suivi de son sommeil en le rendant même amusant. Mais elle a aussi augmenté mon obsession au sujet de mon niveau de sommeil profond, bien inférieur à celui que j’aimerais atteindre. Cela dit, je me souviens encore de mes nombreuses années d’insomnies. Autant dire que pour moi, atteindre une moyenne d’un peu moins de 7 heures de sommeil par nuit est un exploit, parfaitement en ligne avec ce que l’on peut attendre d’une personne portant le gène du dormeur court comme moi — oui, j’ai aussi fait séquencé mon génome (c’était le Noël précédent 😉).

Ce que j’aime surtout, c’est de me réveiller avec un commentaire sur la journée à venir. Il m’arrive même d’adapter mon emploi du temps en fonction du message. La motivation n’est pas la même lorsqu’on lit «Allez lentement» ou «Prêt pour plus?».

Oui, un stylo et du papier suffisent pour monitorer son sommeil, ou une application telle que Sleep Cycle, ou une Apple Watch.

Honnêtement, en huit mois «d'espionnage» de mes nuits, je n’ai obtenu qu’un seul résultat, à savoir une légère diminution du nombre total d'heures de sommeil au cours des derniers mois (et je pense savoir pourquoi - je teste). Cependant, il n'y a eu aucun changement significatif de la durée du sommeil profond en moyenne. Que dois-je conclure?

  • Avant d'obtenir la bague, j'avais déjà mis en place un certain nombre de hacks de sommeil, qui avaient déjà fonctionnés.

  • Mon corps a trouvé une homéostasie du sommeil.

  • Je n’ai pas découvert de nouveaux hacks efficaces qui bousculent le statu quo.

La réalité c’est que, grâce au suivi, je fais plus attention à la qualité de mon sommeil, ce qui est toujours une bonne chose.

Prises de conscience

La bague surveille aussi mon activité physique. Bien que mes scores d'activité soient constamment élevés (voire très élevés), avec une moyenne d'un peu moins de 160% des objectifs fixés, je suis toujours consternée en voyant le temps je passe assise, alors que je suis pourtant une «agitée» notoire, toujours debout et en mouvement. Cela dit, ce n’est pas un indicateur auquel je prête une grande attention. En réalité, mon véritable indicateur de manque d'exercice, c’est mon propre corps. Mes jambes picotent et je dois me lever et bouger. C'est tout. Je sais que plus on bouge, plus le corps veut bouger. Je bouge beaucoup.

Pendant quelques mois, j’ai utilisé une Apple Watch et je partageais mon activité avec des amis, mais je me suis vite lassée. Je vous avais prévenu, je ne suis pas une addict aux données. Cependant, des études montrent que le suivi de son activité augmente les chances de rester en forme. Un peu de données, c’est efficace. Mais, comme pour tout le reste, trop de données tue les données.

De temps en temps, je me connecte à Cronometer et j'essaie d'enregistrer ce que je mange pendant trois jours consécutifs. Je parviens généralement à tout noter en détail pendant 2 jours avant de trouver ça vraiment trop ennuyeux. Cela suffit cependant pour me donner un aperçu de mon apport nutritionnel actuel, de mon rapport oméga 3/6 et de mes macros globales. Le suivi du régime alimentaire peut rendre deux fois plus efficaces les efforts de perte de poids, si tel est votre objectif.

Pour moi, le point important est que le suivi des données permet une meilleure conscience de soi. Simplement en faisant un peu plus attention, je remarque parfois des schémas et j’identifie des domaines à améliorer ou des problèmes. Il faut filtrer les informations par degré de pertinence, mais cela conduit à prendre des mesures. Je dirais que cela me donne encore plus confiance dans ce que je ressens dan mon corps, qui est parfaitement capable de me dire où j’en suis, si je l’écoute.


Que suivre?

Au-delà des indicateurs du sommeil, de l'alimentation, de l'exercice et de la santé, voici deux éléments que vous pouvez suivre et qui révèle parfois des surprises ou bien de points d’amélioration.

  • Le temps. Il s’agit de noter ce que vous faites de votre temps, réellement, sur toute une journée. Ça offre une prise de conscience utile pour optimiser sa journée.

  • Les habitudes. Lorsque vous en adoptez une nouvelle ou que vous en modifiez, il est particulièrement utile de noter ou d’utiliser un appli pour voir vos succès et corriger le tir si besoin.