Petite précision sur le bonheur et comment le savourer

Ces méthodes incontournables pour augmenter la positivité et le bien-être que sont la pleine conscience et la gratitude font fureur de nos jours. Savourer fait partie de ces pratiques à connaître et à mettre en œuvre: elle est simple, agréable et étonnamment efficace. Une corde à ajouter à son arc de leader.

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Le matin, sur le chemin de l’école quand j’accompagne ma fille, je ne peux m’empêcher d’interrompre les conversations à chaque fois que le ciel se teinte de rose et orange, au lever du soleil. En avril, lorsque les magnolias sont en fleur, je ralentis à chaque passage, les signalant à n’importe qui dans la voiture, m’arrêtant parfois complètement pour les admirer.

Cette pratique, qui consiste à se concentrer et à ressentir profondément les émotions positives d’une expérience agréable, a un nom: savourer. Elle implique de devenir intensément conscient·e de l’expérience, de ralentir et de la faire durer. Et ce faisant, il devient plus facile de se souvenir de ces émotions quand on le souhaite.

La recherche indique que savourer peut améliorer le bien-être général, les relations et la qualité de vie. C’est tout bénef.

Qu’est-ce que savourer?

Selon Maggie Pitts, chercheuse à l’Université de l’Arizona: «Savourer, c’est prolonger et s’attarder dans une sensation positive ou agréable. Tout d’abord, vous ressentez quelque chose d’agréable, puis vous prenez du plaisir dans cette sensation d’agréable, et c’est là que savourer entre en jeu. C’est se sentir bien de se sentir bien, puis d’essayer de saisir et de garder cette émotion.»

Dans Savoring: a New Model of Positive Experience, Fred B. Bryant et Joseph Veroff affirment que savourer, c’est le contraire de s’adapter à des expériences négatives.

Bryant et Veroff précisent qu’il existe différentes façons de savourer:

  • Se prélasser, c’est quand on augmente les sensations de plaisir, quand on s’abandonne avec délice.

  • S’émerveiller est lié à l’admiration profonde pour une expérience qui incite à s’arrêter et à remarquer.

  • Jouir de quelque chose prolonge les sentiments d’accomplissement, de fierté et de reconnaissance envers soi-même.

  • La gratitude consiste à être reconnaissant·e pour ce qui est bon (lire davantage sur ce sujet ici).

Savourer s’inscrit également dans le temps:

  • Se souvenir, c’est savourer le passé.

  • Anticiper, c’est savourer l’avenir.

Savourer peut être délibéré ou spontané. Nous pouvons savourer une expérience ou une conversation. Nous aimons savourer les mystères, car nous leur cherchons un sens, ce qui intensifie la concentration et la réponse émotionnelle. Nous sommes particulièrement doué·e·s pour savourer la nourriture, lorsque nous la partageons en bonne compagnie et que nous y consacrons du temps.

Et je trouve que savourer a, disons… une saveur particulière quand on fait quelque chose qu’on n’avait pas fait depuis longtemps. Par ailleurs, la pleine conscience augmente l’expérience de savourer.

Comment savourer davantage

J’aime l’idée de savourer non pas comme un acte unique, mais comme une pratique régulière. Voici quelques façons de savourer davantage.

  • Concevoir un environnement propice à savourer. Nous pouvons ajouter des objets qui encouragent à savourer, créer des espaces pour nous concentrer et éliminer les distractions — qui empêchent de savourer.

  • Retarder le plaisir. Quand on retarde, tout d’abord, on peut savourer l’anticipation, et si on attend après un moment stressant ou moins agréable, on peut valoriser l’expérience par le biais du contraste.

  • Étirer une expérience. On peut prendre plus de temps et faire durer.

  • Planifier et fixer des limites. Comme c’est le cas pour tout le reste, si ce n’est pas inscrit dans l’agenda, on ne le fait pas, alors planifier pourrait aider à réserver du temps sans être dérangé·e pour savourer — du moins pendant une période nécessaire pour en faire une habitude.

  • Partager avec les autres. Nous sommes naturellement grégaires lorsqu’il s’agit de savourer. Cela peut être contagieux et créer des liens.

  • Apprécier la complexité. Plus nous devons traiter de stimuli, plus l’expérience nous passionnera longtemps. Nous pouvons également essayer de nous concentrer sur les moindres détails pour les rappeler plus tard et revivre l’expérience.

  • Apprécier l’éphémère. Plus nous pensons à la nature éphémère et/ou rare d’un événement, plus nous le savourons réellement.

  • Engager les sens. Lorsque nous accordons une attention particulière à l’expérience sensorielle, nous pouvons augmenter notre expérience de savourer.

  • Ajouter des expressions physiques de positivité. Sourire, rire, danser vont nourrir le cercle vertueux du plaisir.

Ce qu’il ne faut pas faire

Quand on se sent dépassé·e par les événements, on n’a aucune capacité à savourer. Il nous faut un peu d’énergie cognitive pour remarquer que quelque chose d’agréable se produit.

Penser à ce que l’on «devrait faire» détruit aussi nos capacités à savourer. S’il vous faut une excuse pour savourer, sachez que profiter d’activités agréables à court terme n’ayant aucun lien avec des objectifs à long terme contribue à une vie heureuse.

Le chemin du bonheur

Quand je me suis donné la permission de savourer les moindres détails de la vie, cela a littéralement changé mon niveau de bonheur quotidien. Savourer m’a permis de détourner ma concentration de toutes les emmerdes présentes et passées pour voir autre chose. Je n’y retournerai jamais. Aussi naïf que cela puisse paraître, j’aspire à cette légèreté de l’être, à un état où la beauté surgit des craquelures, où les saveurs explosent, où l’inattendu est source de joie, et où les imperfections portent en elles le germe de l’excellence.